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Mes ancêtres dans la Grande Guerre : A Dax

Je commence aujourd’hui une série de 7 articles dans lesquels je vais vous présenter les familles de mes aïeux lors de la Grande Guerre. Je parlerai de  chaque famille à tour de rôle, en présentant la vie à l’arrière et les campagnes de ceux qui se trouvent au combat. L’idée de cette série d’articles n’est pas de moi, mais vient de Fredéric Pontoizeau-Bouchet, du blog De moi à la généalogie, qui a fait le même travail pour sa généalogie en juin 2020.

En 1914 à Dax (Landes) vivent Alfred et Lucie C. Le couple est marié depuis 11 ans, et a quatre enfants, Jean (10 ans), Marie-Jeanne (9 ans), Gabrielle (7 ans) et André (3 ans). La famille habite à l’angle des rues de Borda et Saint-Vincent, derrière la cathédrale, au-dessus de la pharmacie d’Alfred. Avec eux vivent la mère de Lucie, ainsi que sa sœur Marie et son frère Léon Barnetche, et Félix Lamagdelaine, le demi-frère d’Alfred qui travaille avec lui comme préparateur en pharmacie.

Dax. – La Place des Tilleuls et la Cathédrale
Archives départementales des Landes – 1 Fi 3219

Alfred a également encore sa mère, Marie-Louise Lamagdelaine, née Lousse, veuve C., un frère et quatre demi-frères qui vivent tous aux environs de Dax et de Bayonne. Marie-Louise vit à Urt (Pyrénées-Atlantiques) avec son dernier fils Gustave Lamagdelaine, élève en pharmacie. Joseph C, prêtre, est curé de Pontonx-sur-Adour (Landes). Gaston Lamagdelaine, charpentier calfat, est marié à Urt et a trois enfants. Jean-Baptiste Lamagdelaine, boulanger, vit à Bayonne. Firmin Lamagdelaine est droguiste à Saint-Sever (Landes), où il est marié et aura une fille en décembre 1914.

Alfred et Lucie ont encore des cousins, qui participeront au conflit, mais je me concentre ici sur la famille proche.

En 1914, huit hommes sont concernés par des obligations militaires :

  • Joseph, âgé de 44 ans, appartient à la classe 1890. Il a été toutefois dispensé de service militaire pour hypertrophie du cœur, et ne participera pas aux combats.
  • Alfred, âgé de 42 ans, fait partie de la classe 1892. Il est dans la réserve de l’armée territoriale, mobilisable avec la 18ème section d’infirmiers militaires.
  • Gaston, 34 ans, fait partie de la classe 1900. Il est inscrit maritime au quartier de Bayonne, a effectué son service militaire sur la flotte de guerre française qui peut le rappeler en cas de conflit.
  • Félix, âgé de 32 ans, fait partie de la classe 1902. Il fait partie de l’armée de réserve, et est rattaché au 49ème Régiment d’Infanterie.
  • Jean-Baptiste, de la classe 1903, est âgé de 31 ans. Il fait partie de la réserve, et sert au Régiment d’Infanterie de Bayonne.
  • Léon, de la classe 1904, a 30 ans. Il travaille à la compagnie des chemins de fer du Midi, et à ce titre est classé dans l’affectation spéciale des chemins de fer, au sein de la 7ème section des chemins de fer de campagne.
  • Firmin a 27 ans et fait partie de la classe 1907. Comme son frère Jean-Baptiste, il fait partie de la réserve, et sert au Régiment d’Infanterie de Bayonne.
  • Enfin Gustave, âgé de 21 ans, et rattaché à la classe 1913, a été ajourné pour faiblesse par le conseil de révision et n’est pas mobilisable.

Le 1er août 1914, la mobilisation générale est déclarée. Dans la semaine qui suit, Félix, Firmin, et Jean-Baptiste Lamagdelaine et Alfred C rejoignent leurs affectations. Pour Gaston Lamagdelaine et Léon Barnetche, je pense qu’il en fut de même, bien que leurs services dans la marine et les chemins de fer m’empêchent de connaître le détail exact de leurs parcours en ne consultant que les fiches matricules.

Le service sera de courte durée pour Firmin Lamagdelaine, réformé avant la fin du mois à cause d’un problème au genou. A la fin de l’année, joie familiale : Firmin est papa pour la première fois, d’une petite Elisabeth, née à Saint-Sever le 15 décembre.

Carte des lieux de vie de la famille – réalisé avec Géoportail

La guerre s’installe, dans les tranchées, pour les quatre combattants (cinq si on compte Léon Barnetche qui a conservé son emploi aux chemins de fer), et la vie suit son cours à l’arrière.

Au mois de mars 1915, Léon démissionne des chemins de fer pour rejoindre le premier groupe d’aviation et servir de façon plus active.

A la même période, Lucie accouche d’un cinquième enfant, Françoise née le 19 mars.

Début avril, Firmin Lamagdelaine, qui avait été renvoyé dans ses foyers très rapidement au début de la guerre, et qui a ainsi pu profiter des premiers jours de sa fille, est rappelé à l’activité : il rejoindra au mois de septembre le 2ème groupe d’aviation, tandis que son frère Gustave, après avoir fait ses classes, est mobilisé et rejoint le 18ème régiment d’infanterie. En octobre suivant, Léon Barnetche est breveté pilote, et Alfred C nommé pharmacien auxiliaire.

En 1916, quelques jours avant le début de la bataille de Verdun, Léon Barnetche est nommé pilote et commence à combattre comme aviateur.

Le 24 mai, Félix Lamagdelaine est blessé devant Douaumont. En août, Léon Barnetche doit être évacué pour maladie, et rejoint l’arrière où il restera jusqu’en avril.

Jean-Baptiste Lamagdelaine, qui comme ses frères a changé plusieurs fois d’affectation depuis le début du conflit, est classé à la même époque dans le service auxiliaire, pour 3 mois : il retrouvera le service armé au mois de décembre.

Entre-temps, Alfred et Lucie C auront eu un sixième enfant, Bernard, né le 3 novembre 1916 à Dax. Les voilà à la tête d’une famille nombreuse, et Alfred est alors démobilisé et rattaché à la classe 1887. Il a 44 ans. Bernard, de santé malingre, aura pour nourrice une femme qui remplace son mari mobilisé et est donc allumeur de réverbère.

Dans l’hiver, Félix Lamagdelaine, qui a été blessé en mai précédent, est déclaré temporairement inapte, et hospitalisé : il ne retrouvera le service armé qu’un an après sa blessure, en mai 1917. C’est à la même période que son frère Gaston sera mis à disposition du port de Bayonne. Il est vrai que son métier est de construire des bateaux, et que l’Allemagne a lancé la guerre sous-marine à outrance au début de l’année. En décembre, c’est au tour de Jean-Baptiste Lamagdelaine d’être déclaré inapte pour quelques mois, suite à des difficultés respiratoires. Il ne rejoindra son unité qu’au mois d’avril 1918.

Chronologie du parcours des poilus de la famille – d’après les fiches matricules

Deux mois plus tôt, Louise est née à Urt le 11 février 1918. C’est le quatrième enfant de Gaston.

A l’été 1918, Léon Barnetche est cité deux fois par l’Aéronautique pour son comportement valeureux. A la même période, Firmin Lamagdelaine, qui sert depuis 3 ans dans les groupements d’aviation, est blessé d’un coup d’hélice au genou. Il ne retournera plus dans la zone des combats. Jean-Baptiste Lamagdelaine est blessé aux Iles Marquises. J’ai du mal à reconstituer son parcours, et à comprendre à quel épisode de la guerre cet événement se rattache. En octobre, deux semaines avant l’armistice, Gustave Lamagdelaine est intoxiqué par les gaz. Il en mourra neuf ans plus tard.

Si l’armistice marque la fin des combats, le 11 novembre 1918, il faudra que nos combattants attendent encore plusieurs mois avant de retrouver leurs familles. Gaston Lamagdelaine sera le premier démobilisé, en février 1919, parce qu’il est père de quatre enfants. Au mois de mars, ce sera le tour de Félix, Firmin, et Jean-Baptiste Lamagdelaine, et Léon Barnetche. Gustave Lamagdelaine devra attendre le mois de septembre.

Et le retour à la vie civile ne fut pas le retour à la vie d’avant-guerre : Félix, Firmin, Jean-Baptiste et Gustave ont été blessés au cours du conflit, et les deux derniers vont avoir droit à une pension d’invalidité, de 100% pour Gustave en 1924, et de 50% pour Jean-Baptiste en 1937. Firmin sera aussi proposé pour une pension, sans qu’elle lui soit attribuée. A l’arrière, les enfants d’Alfred et Lucie ont vu leur père et leurs oncles partir au combat. Si leur père est revenu au bout de deux ans de conflit, leurs oncles resteront mobilisés toute la guerre, et ne reviendront dans le Sud-ouest que pour des permissions ou en convalescence après une blessure ou une maladie. Et ils verront mourir leur oncle Gustave quelques années après la fin de la guerre, des suites d’une intoxication au gaz. Pour Marie-Louise, ce sera le cinquième de ses enfants qui mourra avant elle : après avoir perdu trois enfants en bas-âge en 1881, 1884 et 1890, elle a perdu un fils en 1913, des suites d’une bronchite attrapée lors de son service militaire. Les six restants lui survivront, et mourront après la deuxième guerre mondiale.

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