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Mes ancêtres dans la Grande Guerre : En mer

Du 1er août 1914, date de la mobilisation générale, à l’armistice du 11 novembre 1918, mon arrière-grand-père Ivan Fichet, âgé de 27 ans lors de la déclaration de guerre, a été très peu à terre : 15 jours à la fin août 1914, suivi d’un mois et demi en octobre-novembre de la même année, et presque 2 mois entre janvier et mars 1916.

Après avoir navigué à la Compagnie générale transatlantique d’août 1914 à janvier 1916 en qualité de lieutenant, sur les Ville d’Oran, Pérou, Basse-Terre, il rentre aux Messageries Maritimes en mars 1916, (où il fera toute sa carrière jusqu’au moment de devenir Inspecteur de la Navigation, en mars 1942.)

Si certains de ses embarquements sont brefs (entre une semaine et dix jours), d’autres sont bien plus longs et durent plusieurs mois : entre mai 1917 et septembre 1918, s’il y a des escales, il n’y a pas de débarquement.

Automne 1918 – Le Sydney, transport de troupes en Méditerranée – collection familiale

Du mois d’avril 1916 à octobre 1918, il a pour port d’attache Diego-Suarez (aujourd’hui Antsiranana), tout au nord de l’île de Madagascar, qui est à l’époque une colonie française.

Malgré le conflit mondial, et alors qu’il appartenait à la classe 1906, tous ces embarquements sont mis sur le compte de la marine marchande, et non pas du service de l’Etat, si j’en crois les inscriptions portées sur la matricule de l’inscription maritime.

La marine marchande était-elle à disposition de la Royale ? Ou devait-elle assurer les liaisons avec les territoires de l’Empire en maintenant un certain nombre de navigation et de transport ? C’est une question qu’il me faudra creuser.

Et si mon aïeul ne participe pas vraiment à la guerre, ses proches y sont engagés. Ses parents installés à Lyon voient en effet leurs deux autres fils partir à la guerre : si l’aîné, Henri, âgé de 30 ans, classé dans le service auxiliaire, attend le mois de novembre pour rejoindre la 14° section d’état-major à laquelle il est affecté, à 23 ans le benjamin, Léon, qui effectuait son service militaire et était déjà sous les drapeaux lors de la déclaration de guerre et de la mobilisation générale, est capturé dès la fin du mois d’août. Sa capture sera annoncée officiellement au mois de janvier, et il ne reviendra en France qu’en juillet 1918, pour prendre part aux derniers combats du conflit.

La seule sœur de mon arrière-grand-père, Elisabeth, 25 ans, s’engage comme infirmière. Je n’ai pas réussi à retracer son parcours, mais je possède des photographies d’elle en uniforme.

1916 – Collection familiale

Les parents de mon arrière-grand-père voient donc s’éloigner leurs quatre enfants, et même si pendant la plus grande partie du conflit aucun d’eux n’est sur le front, l’incertitude du sort de Léon, prisonnier, et l’éloignement d’Ivan, en mer, sont des causes de souci suffisantes.

Heureusement, Joseph et Augustine Fichet ne sont pas isolés à Lyon : leurs frères et sœurs y vivent aussi. La soeur d’Augustine, Anne, a épousé le frère de Joseph, Louis. Les deux ménages peuvent se soutenir dans les épreuves, d’autant que la guerre frappera violemment les cousins d’Ivan : Georges, qui souffre d’arthrite au pied, sert en tant qu’infirmier : il rejoint le front en mai 1915. Trois ans plus tard, il sera blessé et évacué, et ne rejoindra plus la zone des combats.

Et lorsque Georges est mobilisé, cela fait déjà cinq mois que son beau-frère Edouard Simon est décédé au combat, mort pour la France, laissant une veuve et deux enfants de trois ans et huit mois.

La sœur de Joseph et Louis, Francine Prunier, voit elle aussi ses deux gendres partir pour la guerre ; heureusement, ils ne seront que très peu sur le front : Alexandre Girerd, âgé de 33 ans à la déclaration de guerre et père de trois enfants de cinq, trois et un an (deux autres naîtront en 1916 et en 1919, avant les deux derniers nés en 1921 et en 1930), classé dans le service auxiliaire, est détaché aux ateliers de construction de Lyon dès le mois d’août 1914. Il ne rejoindra le front qu’en octobre 1917.

Antoine Turquois, qui a 30 ans au début de la guerre, ne sera pas non plus très longtemps sur le front : après deux mois de guerre, il est détaché aux forges et usines de Saint-Etienne. Il doit ce traitement particulier à son statut d’ingénieur. Son premier fils naîtra d’ailleurs avant la fin du conflit, après 6 ans de mariage.

Chronologie des Poilus réalisée à partir des fiches matricules

Quant au frère d’Augustine et Anne, Louis Blanc, il est déjà trop âgé pour être mobilisé. Et ses quatre enfants sont nés entre 1906 et 1912, et sont trop jeunes pour prendre part au conflit. Ils voient néanmoins leurs cousins mobilisés, quelle que soit la forme de leur engagement.

Cette génération qui a donné sa jeunesse à la patrie, ou qui a vu ses aînés faire ce sacrifice, ne sortira pas indemne de cinq ans de conflit et elle en sera marquée pour le reste de sa vie.

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