Alfred Vincent est le frère de mon arrière-grand-père Emile. Né en 1890, il fait partie de la classe 1910. Il a effectué son service militaire au Maroc entre 1911 et 1913, et n’est revenu au pays que depuis neuf mois lorsque la guerre éclate.
Il travaille alors auprès de ses parents, commerçants au Vigan (Gard), tout en faisant partie de la réserve du 7ème bataillon de chasseurs à pieds, caserné à Draguignan (Var). C’est donc là qu’il se rend à la mobilisation générale.
Il y arrive dès le 2 août, et part rapidement pour le front des Vosges, qui sont alors la frontière entre la France et l’Allemagne. Le 10 août il est aux combats du col de Sainte-Marie-aux-Mines, le 15 à ceux du col des Bagenettes, à Ranrupt le 21, à Raon-l’Etape 5 jour plus tard, le 26, et ensuite Saint-Remy, La Bourgonce, Nompatelize ; La Salle et enfin le Haut-du-Bois du 6 au 9 septembre.
Le bataillon part ensuite sur la Somme, du côté de Vermandovillers, Chaulnes, Lihons et Maucourt. En novembre, il combat en Belgique, vers Poperinghe, et au sud d’Ypres. Le 11 décembre, Alfred est nommé sergent.
Les combats de la fin du mois de décembre le mènent en Artois, dans le secteur de Mont-Saint-Eloi.
Le début de l’année 1915 le ramène dans les sommets des Vosges : Alfred se distingue le 26 mars à la tête de sa section à la bataille de l’Hartmannswillerkopf. Quatre jours plus tard, il reçoit pour cela une citation à l’ordre de la brigade, dont je n’ai pas retrouvé le texte.
En juin c’est à l’Hilsenfirst qu’il se trouve, avant de rester dans les Vosges toute la fin de l’année, du côté de Mattle, Metzeral, Fachwille et Hirtzstein, jusqu’à la fin de l’année.
Le 28 décembre, de retour à l’Hartmannswillerkopf, il y est blessé aux jambes par des éclats d’obus. Ce n’est que trois jours plus tard qu’il arrive à l’hôpital des Sources, à Bussang. L’amputation de la cuisse droite ne lui permet pas de se rétablir, et il décède à l’hôpital temporaire des sources à Bussang le 18 janvier 1916. Son corps sera rapatrié au Vigan en 1921, où il aura des funérailles publiques.
En février 1916, il recevra à titre posthume la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme, comme un grand nombre de soldats morts pour la France au cours de ce conflit. Voici le texte qui lui attribue ces décorations :
Au Grand Quartier Général des Armées, le 2 février 1916.
La médaille militaire a été conférée au militaire dont le nom suit :
Vincent Alfred, sergent au 7° bataillon de Chasseurs à pied
« Excellent sous-officier, plein d’entrain, toujours prêt à accepter les missions les plus périlleuses, Grièvement blessé le 30 décembre 1915. Amputé de la cuisse droite. »
La présente nomination comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme, Signé : J. Joffre
Jadis et naguère 