Gel – Alfred Monjon

Alfred Monjon est le père de mon arrière-grand-père André. Né en 1880, il fait partie de la classe 1900. Il a effectué son service militaire au 121^ème régiment d’infanterie, et en est parti caporal. Il est alors retourné à Vérargues (Hérault), et s’est installé sur la propriété dans laquelle il a grandi, et qui constitue sa part de l’héritage de son père, décédé alors qu’il n’avait que deux ans. Sa mère vit sans doute avec lui. En 1905, il s’est marié au mois de mars, et un fils lui est né au mois de décembre.

Lorsque la guerre éclate, Alfred Monjon rejoint donc son poste dans la réserve, au 81^ème régiment d’infanterie, à Montpellier. Il y arrive dès le 3 août. Rapidement, il est envoyé sur le front, avec la deuxième armée qui se bat en Lorraine, du côté d’Avricourt, de Moussey et de Bisping.

Dès le 18 août, il prend part à la bataille de Mittersheim, puis à celle de Morhange. Le 22 août, il est à Réchicourt-le-Château. Puis il sillonne la Lorraine : Trouée de Charmes, Lorey, ferme Romain, Méhoncourt, bois de Clairlieu, Moriviller, Nancy, Toul, Beaumont, Bernécourt, Flirey. Le 1^er septembre : il se bat au bois de la Reine, avant de continuer vers Fraimbois et Lunéville.

Au mois d’octobre, il se trouve dans la vallée de la Woëvre, vers Bernécourt, le bois de la Hazelle et le bois de Mort-Mare.

Il part ensuite pour la Belgique, et participe à la bataille des Flandres jusqu’au mois de février. C’est d’abord la première bataille d’Ypres, dans le secteur de Poelcapelle, de Zillebeke et de Saint-Eloi. En décembre, Alfred combat à la ferme Sans Nom, à la ferme Picadilly, au bois 40.

Le début du printemps 1915 le ramène en France : c’est maintenant la Champagne qui devient la zone de ses combats, et plus particulièrement le Bois Oblique, Beauséjour et Le Trapèze.

Le 12 mars 1915, il a les pieds gelés alors qu’il se trouve à Beauséjour : il n’y a pas d’opération militaire particulière ce jour-là, mais les conditions de vie des Poilus dans les tranchées sont telles qu’un semblable accident arriva sans doute à d’autres combattants. Alfred Monjon doit donc être évacué le jour où il a été nommé sergent. Pourvu de son nouveau grade, il ne rejoindra le front que plus de six mois plus tard, à la fin du mois de novembre.

Abris à la cote 180 (entre la ferme de Beauséjour et Massiges). – ECPAD SPA 25 L 1047

Au début de l’année 1916, le 81^ème régiment d’infanterie, qu’a rejoint Alfred, se bat dans le secteur de Soissons, vers Chassemy. Il reste dans l’Aisne jusqu’à l’été, vers Ailles et les creutes¹ de Paissy.

Au mois d’août 1916, vient le tour d’aller combattre à Verdun : le 81^ème régiment d’infanterie se bat au ravin des Vignes, à Thiaumont et à Fleury.

Au mois de novembre, Alfred Monjon quitte son régiment montpelliérain et passe au 261° régiment d’infanterie. Avec lui, il passe l’essentiel de l’année 1917 en Argonne, dans la région de Vauquois, du bois de Cheppy, du secteur de Boureilles et du Bois d’Avocourt.

C’est ensuite le départ pour le front italien, au début de l’hiver 1917-1918 : Alfred Monjon se rend en Vénétie, du côté de Monte Tomba, de Monfénéra, puis de Bassono. Il y reste jusqu’au printemps 1918.

Au mois d’avril, il rejoint la France, et est envoyé se battre dans la Somme, vers Guyancourt, l’Avre et Castel. Puis viennent les dernières grandes batailles de la guerre, dans l’Aisne : l’attaque de la ligne Hindenburg, et les combats de Bagneux. C’est là qu’Alfred Monjon est blessé au genou droit par éclats d’obus le 25 août. Si son régiment continue alors à se battre dans l’Aisne, je ne suis pas sûre que mon aïeul ait pris part aux combats du mois d’octobre.

Après la signature de l’armistice, il reste toutefois mobilisé, que ce soit avec son régiment ou dans un hôpital, jusqu’au 26 février 1919, date de sa mise en congé illimité de démobilisation. Il peut alors retourner chez lui et retrouver sa famille et ses terres.

1. Il s’agit de carrières souterraines; nommées ainsi dans le dialecte picard ↩︎